80 ans du Débarquement : Le dîner des conjurés à La Roche-Guyon
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, des unités parachutistes sont larguées en Normandie, derrière les défenses allemandes. Un peu plus tard, ce sont 5 divisions convoyées dans près de 4 300 péniches qui débarquent au lever du jour sur les plages. Au même moment, au Château de La Roche-Guyon, se déroule un événement peu connu qui aurait pu changer l’histoire de la seconde guerre mondiale : le dîner des conjurés au Château de La Roche-Guyon. A l’occasion des 80 ans du Débarquement, retour sur cette nuit étonnante.
? Château de la Roche-Guyon / Général Hans Speidel
Depuis le 15 mars 1944, le château de La Roche-Guyon est occupé par le maréchal Rommel et ses 1 500 hommes pour y camper son quartier général. Il a choisi ce site et le village des bords de Seine pour sa position stratégique mais aussi parce qu’il est à l’abri des regards, notamment de ceux des unités SS. Il dispose donc d’une certaine autonomie qu’il affectionne. Il n’est pas présent lors de cette nuit du 5 au 6 juin 1944, étant en déplacement en Allemagne pour célébrer les 50 ans de son épouse.
Ce soir-là, le chef d’état-major de Rommel, le général Speidel, a invité l’ensemble des « conjurés », les autres généraux de la Wermacht en France – ceux qui complotent contre Hitler. Tous les officiers présents sont au courant d’une nouvelle explosive : dans quelques jours, le 20 juillet 1944, d’autres généraux allemands perpétreront à Berlin un attentat contre le Führer, connu sous le nom d’opération « Walkyrie ». Cette nuit du 5 au 6 juin 1944, les conjurés de La Roche-Guyon sont donc chargés de préparer l’après-attentat, sans imaginer une seconde que les Alliés se rapprochent des côtes normandes.
« L’idée des Conjurés, dont le général Speidel, était de poursuivre la guerre contre les Soviétiques et de traiter au plus vite un armistice avec les Anglais et les Américains », raconte l’historien Vincent Arbaretier.
Il s’agit de concentrer les dernières forces de l’armée allemande sur le front de l’Est. Mais il faut pour cela s’emparer du pouvoir et écarter les plus proches d’Hitler.
« Cette nuit-là, tous ont parlé du grand absent, Erwin Rommel, dont ils veulent faire leur figure de proue. Certains pensaient même en faire le successeur d’Hitler une fois le meurtre exécuté », continue Vincent Arbaretier.
Finalement l’attentat sera un échec. Hitler échappera à l’explosion de la bombe qui lui était destinée. La plupart des conjurés seront exécutés ou poussés au suicide. Et l’armistice ne sera pas négocié dès août 1944 comme ils le souhaitaient. Il faudra attendre plusieurs mois et des combats intenses avant que la paix ne soit signée, le 8 mai 1945.